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Auteurs et récompenses : la farandole des prix littéraires


Chaque automne, les auteurs changent mais les figures imposées demeurent : des vedettes aux premiers romans, ce sont 654 nouveautés auxquelles nous avons eu droit cette année...



« Reconnaissance : n’a pas besoin d’être exprimée » s’amuse à écrire Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues.  Ce ne sera pas la première des définitions qu’on lui contestera : en matière de littérature, le flot des récompenses inonde les meilleurs auteurs de l’année et les rayons des librairies. Bien souvent plus honorifique que matérielle, cette reconnaissance institutionnalisée se fait toujours avec autant de succès. Depuis la première remise du prix Goncourt en 1914 au célèbre restaurant Drouant à Paris, à la profusion des distinctions distribuées aujourd’hui, comment comprendre cet engouement renouvelé ?
 

Si les attributions des prix Nobel, Goncourt, Renaudot, Médicis, Interallié, où Fémina, dominent par leur aura et leur influence la palette des récompenses, nombreuses sont les « nouvelles » distinctions, qui adoptent des modes de fonctionnement de plus en plus diversifiés pour élire leurs lauréats. Bien loin des délibérations intimistes de chez Drouant ou de l’hôtel de Crillon, d’autres débats se jouent dans un cyber espace ouvert au citoyen lambda. « Le Grand Prix Littéraire du Web est transparent, ouvert à tous (…) et entend valoriser les avis des vrais lecteurs » peut-on lire sur le site chroniquesdelarentréelittéraire.com. Cette critique, latente des modes d’attribution « traditionnels » témoigne de la volonté grandissante de faire de ces jugements culturels le fruit d’un processus démocratique, qui ne serait plus seulement réservé à une élite. Nombreux sont donc les prix décernés par un jury composé –totalement ou partiellement- de lecteurs non professionnels et privilégiant ainsi la voix de « l’opinion publique » à celle des élites académiques (prix du roman FNAC, Grand prix des lectrices de Elle, Prix du livre Inter, Prix Goncourt des lycéens, Prix RTL-Lire…).
 

Reste que quel que soit le mode de désignation auquel on décide de se fier, on doit reconnaître aux prix littéraires leur utilité pratique quand il s’agit de faire un choix dans la profusion des livres qui envahit les librairies à chaque « rentrée littéraire ». Ce ne sont pas seulement les meilleurs « romans » que l’on élit désormais, mais les meilleurs ouvrages au sein de catégories bien plus variées : prix du «  Polar », du « livre sportif illustré », « des écrivains croyants », ou encore de « la cuisine végétarienne » dans le cadre du festival du livre culinaire des Gourmands Awards. Si la logique de rendement qui sous-tend cette multiplication des récompenses n’est pas illégitime, encore faut-il s’attacher à ce que ces prix conjuguent à la fois aubaine financière et qualité esthétique.

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