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Un musée en danger…

Un musée en danger…


L’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) est l’héritière-gestionnaire d’un trésor matériel mémorisant une histoire hospitalière francilienne millénaire qui est, en fait, la propriété morale de l’humanité souffrante universelle. Nul ne peut en disposer à de vilaines fins : l’Hôtel-Dieu et Notre-Dame de Paris ont été édifiés en même temps, côte à côte, sur l’île de la Cité. C’était dans les années 1160, quand la misère devint telle qu’il fallut consacrer le salut du corps physique et social humain dans un lieu régulier – qui deviendra séculier des siècles plus tard, cependant que celui de l’âme se réfugiait dans la cathédrale la plus célèbre du monde. La mémoire combinée de l’Hôtel-Dieu, temple millénaire de la chirurgie, et de l’hôpital de la Charité, temple de la médecine universitaire détruit en 1934, est à l’esprit du paradigme dictant le futur du musée de l’AP-HP.

 

Mais aujourd’hui, la mise en vente de l’Hôtel de Miramion, qui abrite ce musée unique en son genre, est officielle : l’agence immobilière en charge de l’appel d’offre est choisie ; les enveloppes seront ouvertes à la fin du mois de juin ; y aura-t-il un acheteur satisfaisant la puissance publique ?

 

Quoi qu’il en soit, le musée devrait être fermé au public le 29 juin… définitivement !

Et le plus grand flou règne encore sur l’avenir immédiat des mirifiques collections exposées ou entreposées dans l’Hôtel de Miramion, situé au 47 quai de la Tournelle, à Paris.

 

Le plus grand silence recouvre l’excellent projet de création d’un nouveau grand musée à l’intérieur de l’Hôtel-Dieu démédicalisé dans le cadre d’un grand pôle de Santé publique, si « effrayant » dans sa modernité qu’il n’a été évoqué durant la campagne présidentielle par aucun candidat… et que très superficiellement par les candidats aux législatives de la 2e circonscription de Paris où se présentaient notamment François Fillon et Axel Kahn.


Il est urgent qu’avant l’été une discussion au plus haut niveau ait lieu pour décider des moyens à accorder à la culture mémorielle de ce qui fait de la santé le bien le plus précieux de tous et de chacun.

Dans ce cadre, l'Association des amis du musée de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (Adamap) propose les mesures suivantes :

 

1. L’idéal est de différer la vente de l’Hôtel de Miramion, pour discuter dans la sérénité du sort des collections, toutes placées sous le label « musée de France ». L’Adamap ne remet pas en cause le principe de cette vente, ne serait-ce que parce que les locaux dans l’Hôtel de Miramion sont trop petits pour un nouveau musée. La carence principale actuelle est l’impossibilité d’y illustrer l’histoire de l’Hôpital au XXe siècle. L’Adamap a posté le 7 juin 2012 une lettre urgente demandant ce report, adressée aux ministères et mairies concernées par cette vente intempestivement décidée sans en mesurer les conséquences à très court terme.

 

2. Si la vente devait être regrettablement concrétisée à la date fatidique du 29 juin, il conviendrait d’établir immédiatement un accord contractuel des personnes morales concernées, notamment l’ADAMAP et l’AP-HP, avec l’acheteur choisi de l’Hôtel de Miramion assurant le maintien conservatoire du musée de l’AP-HP, qui doit rester ouvert au public dans son état matériel et moral actuel en ses lieux et places, jusqu’à son transfert dans l’Hôtel-Dieu… en 2015.

 

3. Si cela est impossible dans le très court délai nous séparant de la date fatidique du déménagement dans des caisses, nous suggérons l’organisation d’un « muséethon » permettant de collecter des fonds et de faire une proposition pour acheter l’Hôtel de Miramion, au nom de l’Adamap, dans les règles et la forme.

 

4. Etudier consensuellement avec les autorités concernées un projet avant-gardiste et réaliste de nouveau grand musée de la mémoire hospitalière dans l’Hôtel-Dieu, en le dotant d’un modèle économique autonome viable, assurant la prospérité de l’institution dès son ouverture, à l’horizon 2015. Le « muséethon » serait alors indiqué pour consolider les bases d’une fondation à l’origine d’une véritable reprise en main du patrimoine par un actionnariat ouvert, auprès de mécènes, entreprises ou particuliers.

 

5. La conservation moderne d’un patrimoine public de grandes dimensions volumétriques, en constante évolution comme l’est celui de l’hôpital grand-parisien depuis le Moyen Âge, impose un volume immobilier suffisamment important dans l’Hôtel-Dieu pour loger le musée dans un lieu unique et polyvalent, à l’image du Louvre, du Centre Georges Pompidou ou du musée de l’Homme à Paris.  

 

 

L’Adamap s’engage pour une mission essentielle : faire que ce patrimoine unique ne soit pas balayé par des décisions administratives prises à la hâte et sans concertation. La santé est un des grands enjeux du siècle qui commence : n’en perdons pas la mémoire !

 

 

Jean-François Moreau est président de l’Association des amis du musée de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (Adamap).

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