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Ils entrent au Panthéon

Ils entrent au Panthéon

Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay ont fait, ce mercredi 27 mai, leur entrée au Panthéon. Deux femmes et deux hommes, quatre héros de la Résistance qui ont reçu les honneurs de la patrie reconnaissante. Un moment historique.

 

Accès rapide à une biographie :

 

 

Les biographies sont extraitres du Qui était qui, éditions Jacques Lafitte, 2e édition, 2004 (à l'exception de Germaine Tillion : Who's Who in France, 40e édition 2008). © Qui était qui, Who's Who in France.

 

Geneviève de Gaulle-Anthonioz

Présidente d'œuvres humanitaires

Née à Saint-Jean-de-Valeriscle (Gard), le 25 octobre 1920. Décédée à Paris, le 14 février 2002
Fille de Xavier de GAULLE (1887-1955), ingénieur civil des mines, frère aîné du général de GAULLE, et de Mme, née Germaine GOURDON (1898-1925)
Mariée le 29 mai 1946 à Genève (Suisse) à Bernard ANTHONIOZ (1921-1994)
Enfants : Michel, François-Marie, Isabelle, Philippe
Études : faculté des lettres de Paris
Carrière : encore étudiante, elle entre dans le réseau de résistance du Musée de l'Homme. Elle y occupe progressivement une place de plus en plus importante, étant parallèlement, sous le nom de Galia, rédactrice puis secrétaire de rédaction, chargée de la distribution en zone nord de Défense de la France, journal clandestin créé par Philippe Viannay et Robert Salmon. Finalement arrêtée le 20 juillet 1943, dans une librairie de la rue Bonaparte, en possession de documents compromettants, elle n'hésite pas à donner sa véritable identité. Incarcérée à la prison de Fresnes puis transférée au camp de Compiègne, elle est déportée au camp de Ravensbrück le 30 janvier 1944. Malgré les souffrances personnelles que son nom de de Gaulle ne lui épargne pas, elle subit plus encore la souffrance de ses compagnes et en gardera de terrifiants souvenirs, attendant près d'un demi-siècle la force de les décrire. En avril 1945, les Allemands, espérant une contrepartie, étant donné le lien de parenté de leur prisonnière avec le général de Gaulle, la conduisent à la frontière suisse pour la remettre entre les mains de son père alors consul général de France à Genève. Libérée sans contrepartie, elle rentre en France dans un état physique déplorable mais, sitôt remise, elle participe à la création de la Fondation de la Résistance et de l'Association des anciennes déportées et internées de la Résistance dont elle assurera par la suite la présidence. Mère de famille enfin heureuse, elle se consacre à ses enfants. En 1958, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, elle devient la collaboratrice d'André Malraux, ministre délégué à la présidence du Conseil, et prend en charge la recherche scientifique. Quelques mois plus tard, elle rencontre celui que l'on surnomme "l'aumônier des bidonvilles", le père Joseph Wresinski, fondateur en 1957 du mouvement ADT Quart Monde. Cette rencontre et la visite qu'elle entreprend avec le père dans son bidonville de Noisy-le-Grand, vont être déterminantes pour la suite de sa carrière. Abandonnant le ministère de la Culture, elle va désormais se consacrer à la lutte contre la pauvreté et s'occuper des plus démunis, des laissés pour compte de la société, cherchant non seulement à les soulager, mais à détruire la pauvreté. Elle devient la porte-parole des pauvres parmi les pauvres. De juin 1964 à novembre 1998, elle préside le mouvement ADT-Quart Monde (France) et a enfin l'ultime satisfaction de voir adopter par l'Assemblée nationale la loi de lutte contre l'exclusion. Malade, usée physiquement, ne pouvant plus se déplacer qu'en chaise roulante, elle décède à Paris à l'âge de quatre-vingt un ans. Elle était encore vice-présidente des Compagnons de la fraternité Edmond Michelet et membre d'honneur du conseil d'administration de l'espace Paul Rebeyrolle, espace créé en 1995 à Eymoutiers, en Haute-Vienne, pour exposer les œuvres de l'enfant du pays, le peintre Paul Rebeyrolle, et présenter des œuvres contemporaines de peintres et de sculpteurs.
Œuvres : la Traversée de la nuit (1998); le Secret de l'espérance (2001)
Décorations : Grand-Croix de la Légion d'honneur (première femme élevée à cette dignité), Croix de guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance.
Distinctions : en 2003, La Poste édita un timbre à son effigie, dessiné par son fils François-Marie
 

 

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Pierre Brossolette

Journaliste

Né à Paris, le 25 juin 1903. Décédé à Paris 16e, le 22 mars 1944
Fils d'un inspecteur de l'enseignement primaire.
Marié le 20 juillet 1926, à Gilberte BRUEL, journaliste, ancienne vice-présidente du Sénat, Chevalier de la Légion d'honneur, Rosette de la Résistance, décédée le 18 janvier 2004; elle était la fille de Gilbert BRUEL, directeur de banque.
Enfants : Anne (Mme Da SILVA BRANCO), Claude (autorisé par décret en date du 27 mars 1953 à s'appeler légalement Claude PIERRE-BROSSOLETTE).
Études : lycée Janson-de-Sailly de 1914 à 1921 puis École normale supérieure en 1922.
Diplôme : agrégé d'histoire en 1925, il est reçu second derrière Georges Bidault.
Carrière : professeur d'histoire au lycée d'Amiens en 1925, il adhère à la SFIO (section française de l'Internationale ouvrière) et écrit de nombreux articles dans la presse de gauche, notamment dans l'Europe nouvelle, l'hebdomadaire Marianne et, à partir de 1938, dans le Populaire. En 1936, il est chroniqueur de politique étrangère au poste national Radio-PTT. Septembre 1939 : mobilisé avec le grade de lieutenant, il est promu capitaine en 1940 et se bat sur la Marne puis sur la Vienne après une marche forcée de 400 km. Août 1940 : démobilisé, il revient à Paris avec sa femme et ses deux enfants. Novembre 1940 : il tient une librairie, 89 rue de la Pompe, dans le 16e arrondissement, et s'intègre au réseau du musée de l'Homme; après la dislocation de ce réseau, il entre en contact avec le colonel Remy qui vient de créer le réseau Confrérie Notre-Dame de Castille-CND Castille et il organise pour le compte de ce réseau, des mouvements avec Londres et le général de Gaulle. Sa librairie de la rue de la Pompe devient un centre de réunions clandestines et une boite aux lettres (aujourd'hui le souvenir de cette librairie disparue en 1994, n'est perpétuée que par une très petite plaque apposée à gauche de la devanture d'un nouveau café). Mars 1942 : il s'engage dans les Forces françaises libres, les FFL, et gagne Londres le 26 avril 1942 ; il rencontre le général de Gaulle et le colonel Passy, chef du bureau de contre-espionnage, renseignement et action-BCRA ; il a avec le général des relations houleuses comme Jean Moulin en aura. Juin 1942 : il est, à sa demande, parachuté en France (sans aucune préparation parachutiste et sans accueil au sol) ; il organise alors le départ de sa famille vers la Grande-Bretagne (son fils Claude, âgé de 14 ans, a été arrêté momentanément par la Gestapo, à sa place!) et après avoir commencé l'organisation de la Résistance dans la zone nord en septembre 1942, il les rejoint à Londres et le 21 septembre 1942 prononce une allocution à la radio de Londres, texte resté célèbre à la gloire des résistants : "Ce sont les soutiers de la gloire". A partir de janvier 1943, il travaille au regroupement des réseaux, prépare la fusion des services spéciaux de Londres et d'Alger et participe à l'élaboration du conseil national de la Résistance. Septembre 1943 : il est à nouveau à Paris. Janvier 1944, appelé à rejoindre Londres, il est chargé d'y conduire Emile Bollaert désigné comme délégué général du gouvernement, succédant à Jean Moulin. 2 février 1944 : tous deux s'embarquent en Bretagne sur un chalutier, le Jouet des flots, qui fait naufrage dans les bras de l'Ile de Sein et s'échoue à Plogoff. Arrêté à Audierne, avec Émile Bollaert, ils sont conduits tous deux à la prison de Rennes après qu'une simple secrétaire eut décelé la falsification de leurs papiers d'identité (il se fait alors appeler Paul Boutet). Reconnu, alors qu'il est recherché par la Gestapo depuis des mois, il est transféré le 20 mars 1944 dans les locaux parisiens de la "Grande Gestapo", 86 avenue Foch. Interrogé par le chef de la Gestapo, Ernst Misselwitz, il est torturé mais ne révèle aucun renseignement. Le 22 mars 1944, après le troisième interrogatoire, alors qu'il est physiquement brisé, les mains liées, il est conduit momentanément dans une chambre au 5e étage de l'immeuble voisin (84 avenue Foch). Profitant d'une brève absence de son gardien, il saute par la fenêtre ouverte et s'écrase devant l'immeuble de la Gestapo. Transporté à l'hôpital de la Pitié, il y décède, à l'âge de quarante ans, dans la soirée sans avoir jamais rien révélé.
Décoration : Compagnon de la Libération dès 1942.
Distinction : Un timbre à son effigie a été édité par les PTT en 1957 et dans la cour d'honneur du lycée Janson-de-Sailly dont il fut l'élève, une plaque à sa mémoire porte la devise : "Sa bouche s'est tue, son exemple nous parle, son sacrifice nous commande".

 

 

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Germaine Tillion

Ethnologue


Née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire). Décédée le 19 avril 2008 à Saint-Mandé (Val-de-Marne)
Fille de Jacques Tillion, Juge de paix, Homme de lettres, et de Mme, née Emilie Cussac, Ecrivain

Etudes : Lycée Jeanne d’Arc à Clermont-Ferrand, Faculté des lettres de Paris.
Diplômes : Licenciée ès lettres, Diplômée de l’Ecole pratique des hautes études, de l’Ecole nationale des langues orientales vivantes, de l’Ecole du Louvre.
Carrière : Ethnologue, elle participe à quatre missions ethnographiques dans l’Aurès (1934-40), elle devient chef du réseau de résistance du Musée de l’homme avec le grade de commandant (1940-42). Déportée en Allemagne (1942-45), elle se consacre ensuite à des travaux sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale (enquête sur les crimes de guerre allemands, sur les camps de concentration soviétiques) (1945-54) puis sur l’Algérie (création du service des centres sociaux, enquête sur les lieux de détention en Algérie) (1957). Elle est la créatrice en France de l’enseignement dans les prisons (1959), devient directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études (chaire d’ethnographie du Maghreb) (1957). Elle réalise des voyages d’études en Afrique du Nord, dans le Moyen-Orient et en Extrême-Orient (1956) et vingt missions scientifiques en zone nomade.
Œuvres : L’Algérie en 1957 (1957), Les Ennemis complémentaires (1958), l’Afrique bascule vers l’avenir (1959), Ravensbrück (prix Voltaire, 1973), le Harem et les cousins (1966), la Traversée du mal, Il était une fois l'ethnographie (2000), l'Algérie aurésienne (en coll., 2001), A la recherche du vrai et du juste (2001); divers articles sur l’ethnologie du Maghreb.
Décorations : Grand croix de la Légion d’honneur, Croix de guerre 39-45, Grand-croix de l’ordre national du Mérite, Commandeur des Palmes académiques, Rosette de la Résistance.
Distinctions : Grand prix de la Ville de Paris (2000).

 

 

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Jean Zay

Avocat, Homme politique

Né à Orléans (Loiret), le 6 août 1904. Assassiné par la milice, à Molles (Allier), le 20 juin 1944.
Fils de Léon ZAY (1874/1945), cofondateur du Progrès du Loiret, rédacteur en chef de la France du Centre, et de Mme, née Alice CHARTRAIN (1879/1933), de religion protestante. Frère de Jacqueline ZAY (1905/1961), épouse de Jean BARDIN, connue pour ses sculptures et ses bustes de nombreux aviateurs, du duc de Windsor, de son frère Jean. Elle fut aussi critique d'art à Fortune française et à l'hebdomadaire Aux Ecoutes.
Marié à Orléans, le 30 mars 1931, à Madeleine DREUX.
Enfants : Catherine (Mme MARTIN-ZAY), Hélène (Mme MOUCHARD-ZAY).
Carrière : Militant au parti radical socialiste, avocat inscrit au barreau d'Orléans, il plaide notamment à la cour d'assises, écrit dans le Progrès du Loiret et fonde la revue le Grenier. Conseiller général du Loiret, il est en janvier 1926 initié à la loge maçonnique Etienne-Dolet à Orléans (où son père l'avait précédé vingt ans plus tôt). Le 8 mai 1932, il est élu député du Loiret, dans la circonscription d'Orléans, il reconquiert le siège que les radicaux avaient perdu aux élections précédentes ; membre du groupe républicain radical et radical-socialiste, secrétaire du bureau de la Chambre, membre des commissions du commerce et de la législation et de la commission d'enquête sur l'affaire Stavisky, il est réélu le 3 mai 1936. Du 24 janvier au 4 juin 1936, il est sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil (cabinet Sarraut) puis du 5 juin 1936 au 13 septembre 1939 ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts dans les cabinets successifs de Blum (du 5 juin 1936 au 21 juin 1937 et du 13 mars au 8 avril 1938), Chautemps (22 juin 1937/10 mars 1938), Daladier (10 avril 1938/13 septembre 1939). Au cours de cette longue période au ministère, il lutte pour la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu'à 14 ans, pour l'unification des enseignements technique, secondaire et primaire supérieur sous le nom de "second degré", pour la multiplication des bourses au profit des enfants de l'école primaire, pour la gratuité des lycées et pour la construction de nombreux locaux scolaires. Pendant ses quarante mois rue de Grenelle, il crée avec Irène Joliot-Curie et Francis Perrin, le premier Centre de recherche scientifique, accentue la liaison Université-Recherche-Industrie, trace l'esquisse d'une Ecole nationale d'administration pour démocratiser la fonction publique, généralise avec le concours de Léo Lagrange, l'éducation physique en plein air, inaugure le Palais de la Découverte, crée le musée d'Art moderne, les bibliobus, la  Réunion des théâtres lyriques nationaux, le Festival du cinéma à Cannes (qui devait débuter en 1939 mais n'eut pas lieu cette année-là en raison de la guerre). En 1937, alors ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts, Jean Zay dépose un projet de loi sur "les droits d'auteur et le contrat d'édition" tendant à élargir considérablement son domaine d'application. Parallèlement à ses fonctions politiques, il crée en janvier 1939, aux côtés de Paul-Boncour, Léo Lagrange, Georges Mandel, Louis Joxe, le R.P. Riquet et Yvon Delbos, les "Amis de la République française", association aidant à l'accueil des étrangers demandant le droit d'asile en France. En septembre 1939, à la mobilisation, il donne sa démission du gouvernement et rejoint avec le grade de sous-lieutenant la IVe armée. Pendant la débâcle, replié sur Saint-Flour, il retrouve le gouvernement à Bordeaux puis il embarque avec sa famille à bord du Massilia. Reconnu par des officiers aviateurs et gravement molesté, il est arrêté le 4 août 1940 à Rabat. Dès le 5 août, le gouvernement de Vichy souhaitant écarter un opposant, il est condamné par le tribunal militaire de la XIIIe région à la dégradation militaire et à la déportation pour désertion devant l'ennemi, malgré la plaidoirie d'Alexandre Varenne. Le 22 août, il est conduit à Clermont-Ferrand et enfermé à la prison de Riom, sur l'ordre du gouvernement de Vichy. Le 20 juin 1944, quatre miliciens venus de Vichy, munis d'un ordre de transfert signé du directeur de l'administration pénitentiaire, sur instructions de Darnand, lui font croire qu'ils sont des résistants déguisés et l'enlèvent de la prison de Riom; il tombe sous leurs balles, en criant "Vive la France!", abattu dans une carrière abandonnée près de Cusset, aux Puits-du-Diable. Son corps ne sera retrouvé qu'en septembre 1946.
Œuvres : il est l'auteur de Carnets, confisqués par des collaborateurs parisiens, présentés sous le titre de Carnets secrets de Jean Zay et commentés par Philippe Henriot (Éditions de France, 1942). Dans ses notes personnelles, il dresse de façon succincte mais précise le compte-rendu de tous les conseils des ministres, ce qui constitue un document essentiel sur les responsabilités de la guerre. De larges extraits furent publiés, lors de son incarcération, dans les hebdomadaires Je suis partout en zone Nord et Gringoire en zone Sud.
Le 20 juin 1984, le président François Mitterrand rendit hommage à Jean Zay pour le quarantième anniversaire de sa mort: "En cet anniversaire de sa tragique disparition, je veux saluer sa mémoire, son courage, la force de ses convictions qu'il avait mises au service de son idéal, comme l'illustre son œuvre de ministre de l'Instruction publique du gouvernement du Front populaire, entièrement consacrée à la grande cause de l'école publique." La Poste émit cette année-là un timbre à son effigie. Dix ans plus tard, pour le cinquantième anniversaire de sa mort, une avenue Jean-Zay a été inaugurée à Orléans, sa ville natale, toujours en présence du président de la République, François Mitterrand.

 

 

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