+ de critères

Nouvelle révolution industrielle et économie du numérique : un débat nécessaire.

Nouvelle révolution industrielle et économie du numérique : un débat nécessaire.


On peut vouloir renforcer l’égalité des échanges, lutter contre le dumping social, mais le cœur du problème est ailleurs, comme l’a illustré en début d’année le débat sur la réindustrialisation dans la campagne présidentielle. L’apport du numérique dans une stratégie globale de modernisation, voire de réorientation de notre système productif, a en effet été occulté.

 

Nous changeons d’ère industrielle, les anciennes recettes ne peuvent plus fonctionner. Les technologies de l’information et Internet nous font passer d’une société centralisée à une société collaborative. C’était l’un des enjeux du collectif du numérique lancé le 19 mars dernier, qui cherchait moins à peser sur les décisions en haut de la pyramide du pouvoir qu’à mettre en place une « collaboration » entre les acteurs du numérique, « l’industrie du futur » et les structures politiques et représentatives pour participer au futur de notre industrie.

 

Que l’on soit ou non en accord avec la vision que développe Jeremy Rifkin dans son dernier livre, La Troisième révolution industrielle, où il voit la convergence entre technologies de l’information et changement de régime énergétique (vers un modèle d’énergie distribuée sur le modèle d’Internet), l’impact de la technologie intelligente ne fait que commencer pour des millions de gens qui vont notamment changer de travail.

 

Nous devons collectivement nous préparer à cette transition sinon les dégâts pourront être plus dramatiques que le simple effet de la concurrence mondialisée, et j’estime que nos entreprises du numérique, qui sont aussi des communautés créatives et des projets collectifs, ont beaucoup à apporter dans cette transition.

 

Le numérique, ce n’est pas que des solutions techniques, c’est une transformation et une rationalisation de notre façon d’agir, de diriger et de gérer, plus transparente, plus collective et qui peut aider autant à la mise en valeur du monde qu’à le protéger. Il est une chance, il propose des solutions pour améliorer certaines difficultés de notre pays dans le domaine de l’éducation, pour rationaliser, afin de la préserver, notre modèle social et de santé, pour moderniser et rendre plus performant notre Etat.

 

Je déplore que le numérique ne soit toujours pas considéré dans mon propre pays comme un facteur de croissance dans tous ces domaines. Et je déplore qu’il reste encore trop souvent cantonné à être un coût, coût économique pour les entreprises (surtout en période de crise) et coût social pour le politique et une partie de la société.

 

Or aujourd’hui il n’est plus temps de tergiverser, la « digitalisation » de notre économie, dans le cadre de la réindustrialisation, est devenue une question stratégique, une question de souveraineté.

 

Comme l’explique très bien Henri Verdier, qui parle même de « néo-industrialisation », il est urgent :

 

- d’achever la transformation numérique des industries de services fortement exportatrices

 

- de réorienter les politiques de soutien à l’innovation et à la Recherche & Développement (R&D) pour les entreprises qui ne font pas de R&D et en comblant le fossé PME/grands groupes

 

- de développer les activités qui hybrident l’industrie, le logiciel et les services (la santé, les villes intelligentes, les transports et les réseaux intelligents comme le smart grid)

 

- et de prendre des positions fortes sur des secteurs à fort potentiel de croissance (services numériques, Internet des objets, greentech, etc.), même s’ils ne vont pas immédiatement créer beaucoup d’emplois.

 

Nous avons des atouts en France, les CV de Français s’arrachent outre-Atlantique pour leurs savoir-faire dans les métiers de l’Internet, de la programmation, du conseil et de la création.

 

Nous avons de bonnes infrastructures, avec un horizon de développement qui pourra supporter et permettre le développement des nouveaux usages, nous avons créé des marques internationales à partir de start-up de l’Internet et nous exportons largement nos services et conseils informatiques et technologiques.

 

Alors, la France, 5e puissance économique en PIB, ne peut plus se contenter de sa piteuse 20e place «numérique». Il s’agit d’une question de responsabilité face à l’avenir et face aux enjeux du progrès.
J’attends que les pouvoirs publics manifestent ce réalisme et cette ambition.
Les industriels du numérique, eux, sont prêts à aller de l’avant.

 

 

 

 

Guy Mamou-Mani
Co-Président du groupe Open et Président du Syntec Numérique

 

Blog : www.guymamoumani.fr

Twitter : twitter.com/guy_mm

 

Biographie liée

Dernières publications



Réactions


Réagir à cet article : (réservé aux membres du Who's Who)



1000 caractères restants