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On ne naît pas champion, on le devient

On ne naît pas champion, on le devient


Voici l’une des phrases que j’ai le plus souvent prononcées : Le tennis c’est la vie. Evidemment, la majorité des gens connaissant mon amour pour ce sport en ont conclu que je divaguais, pensant que le tennis étant mon univers, je limitais la vie à son champ d’action. Il n’en était rien. Par cette phrase, j’exprimais les similitudes impressionnantes liant ces deux concepts.

Roland Garros ayant à peine débuté, la tentation est trop forte de ne pas établir ces liens. En réalité, un match de tennis est un résumé de la vie, un « best of » en accéléré, un révélateur de nos tempéraments, de nos forces, mais également de nos fêlures. Au tennis, pas moyen de se cacher, l’on étale nos talents ou, a contrario, nos faiblesses de caractère au grand jour. Je me souviens d’un de mes amis me racontant qu’il amenait ses potentiels partenaires professionnels sur un court avant de conclure des affaires avec eux pour connaitre « leur vraie nature ». Je souscris a 100 % à cette idée originale est pleine de sens.

J’ai la chance extraordinaire, dans mon quotidien de travailler avec des joueurs de haut niveau depuis plus de 20 ans. Je côtoie également d’immenses champions, partage beaucoup avec certains d’entre eux, travaille avec d’autres. Les Champions sont des êtres à part dans un monde déjà exceptionnel, car les sportifs de haut niveau constituent déjà le haut du panier. Pourtant, il existe des différences fondamentales entre les deux.

En vous les dévoilant, je dépasse largement le cadre du sport, j’établis des différences fondamentales entre des personnalités « normales » et des êtres porteurs de projets « hors normes », capables de repousser des limites jamais atteintes.
Je veux partager avec vous les caractéristiques des champions parce qu’en comprenant le processus qui amène un individu a l’efficacité suprême dans une discipline, on peut aider les autres à s’en approcher, à progresser.

Etre chef d’entreprise, responsable d’un département, c’est aussi diriger une équipe, la coacher pour gagner des parts de marché, permettre à chaque membre de l’équipe de s’épanouir et de progresser pour apporter sa pièce à l’édifice général.
Voici donc les différences fondamentales entre un joueur de haut niveau et un Champion.


Un champion est un monstre d'ambition


Les champions se fixent des objectifs qui vont très au-delà de ceux que se fixent les autres individus. La limite ne fait pas partie de leurs concepts, ils envisagent d’être les meilleurs… ou rien. Tout le monde pense : « Evidemment, quand tu es si fort c’est facile de penser comme ça ! ». C’est la fameuse histoire de la poule et de l’œuf. Je pense personnellement que le processus est inverse : S’ils sont devenus des Champions, c’est justement parce qu’ils voient très grand. Ils ne se fixent pas de limite, contrairement à la majorité des gens qui aimeraient aller jusqu’à un certain point, mais ne se visualisent pas au-delà. Conséquence : La limite des individus se situe toujours à celle qu’ils se fixent. Ils n’ont donc que très peu de chance de parvenir plus haut. Si des occasions s’offrent à eux, il y a fort à parier qu’ils ne sauront pas les saisir.


Comment se décide la hauteur des objectifs que se fixent les individus? 

Je pense que l’ambition est la conséquence directe de la perception que chaque individu a de lui-même. En résumé, s’il se voit fort, grand, meilleur que d’autres, alors il se fixera naturellement de très hauts objectifs. Voir grand lui semblera naturel car il s’en sentira capable. Si en revanche, son estime de soi est moindre, il verra ses objectifs à la baisse.
 

Comment se construit l’estime de soi ?

L’estime de soi est la conjonction de plusieurs facteurs, mais elle est avant tout liée à l’éducation que l’on reçoit, et de la manière dont nos parents nous perçoivent, qui constituent les fondements de notre perception de nous-mêmes. Puis, les expériences que l’on vit année après année, vont avoir une influence directe sur la perception que nous avons de nos capacités. Enfin, la place que nous occupons dans notre environnement, la manière dont nous sommes perçus par nos amis, nos collègues, notre patron, notre famille exerce également une influence très importante dans notre estime de soi. C’est là que le rôle du coach est essentiel car, par sa relation à l’individu, par les expériences positives ou négatives qu’il lui fera vivre, il pourra véritablement doper l’ego de son élève, le mettre en situation de réussite et l’amener à modifier positivement sa perception de lui-même.
Lorsque, pour les Champions, l’estime de soi est très forte, alors les objectifs affichés, le volume de travail mis en œuvre, concourent à impressionner leur entourage qui leur renvoie des stimulis qui ne fait que nourrir encore plus leur perception d’eux-mêmes. C’est donc un cercle vertueux qui se met en place.

Je me rappelle une anecdote. Pendant cinq ans consécutifs, deux Champions remportent 19 tournois du Grand Chelem sur 20 possibles : il s’agit de Rafael Nadal et Roger Federer. A cette époque, 100 % des autres joueurs du top 10 pensent que la voie vers un titre en Grand Chelem leur est totalement interdite, tant le niveau de jeu de ces deux Champions leur est supérieur (je le sais pour avoir discuté à l’époque avec la majorité d’entre eux). Un jeune âgé de 19 ans est opposé à Roger Federer au troisième tour de l’US Open. En conférence de presse la veille du match il annonce qu’il va le battre. La presse internationale est choquée par ces propos : « Quelle insolence ! » Comment ce jeune qui n’a rien prouvé ose-t-il manquer de respect au Champion imbattable ?
Le lendemain, ce jeune perdait le match en trois sets secs, mais finalement, quelques années plus tard devenait No1 mondial en prenant la place de Roger et de Rafa et en s’imposant face aux deux. Ce joueur s’appelait Novak Djokovic. Il était le seul à y croire, à se voir suffisamment fort pour détrôner les Rois.


Un champion s'engage à 100 %
 


L’engagement est la conséquence directe de l’estime de soi. Nous avons tous autour de nous de nombreux amis, collègues, membres de la famille que l’on peut qualifier d’« under-achievers ». Il s’agit d’individus avec un très fort potentiel non exprimé. Le sentiment général les concernant est toujours : « Quel dommage ! il pourrait faire tellement mieux ! en plus, il en rêve ! » Vu de l’extérieur, c’est difficile à comprendre. Il a du talent, il rêverait de s’épanouir dans tel domaine, alors pourquoi ne s’investit-il pas ?

Une fois de plus, ce phénomène est directement lié à la perception que l’individu a de soi-même.
En effet, s’engager à 100 % comporte de gros risques. Vu de l’extérieur, il n’en existe aucun, mais vu de l’intérieur, en revanche, c’est tout l’inverse !
-    Risque de souffrance liée à l’échec alors qu’il a tout donné. Plus il s’investit émotionnellement dans une activité en vue d’atteindre un objectif, plus la défaite ou l’échec est douloureux
-    Risque de remise en question de son talent. Tant que l’individu n’a pas réellement essayé d’atteindre un objectif, il peut imaginer avoir du talent. Il est d’ailleurs valorisé comme étant doté de ce talent. Si, en revanche, il se donne les moyens d’atteindre un objectif et échoue, alors son talent pourrait être remis en question.
-    Risque de toucher à un ego qui est fragile. Lorsque l’estime de soi n’est pas très haute, cette fragilité est fortement ressentie par l’individu. Inconsciemment, il va chercher à se mettre dans des situations qui ne lui feront pas courir le risque de toucher négativement cette estime de soi.

Tout se joue entre, d’un côté l’aspiration à des objectifs plus forts, et donc la puissance de la motivation que cela induit chez lui, et de l’autre, la peur de l’échec. Le risque sera-t-il ou pas assumé ? 
L’estime de soi est le principal élément qui fera pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.
 
Pourquoi le Champion se donne à 100 % ?

Le Champion est Champion parce qu’il s’investit à 100 % pour atteindre ses objectifs. Il assume l’éventualité de l’échec. Il l’assume car son ego est suffisamment fort pour qu’il ne soit pas remis en question par un échec et parce que l’échec n’est pas vécu comme tel.

Lorsqu’un Champion perd un match, il est très affecté pour plusieurs raisons :
-    Il n’a pas l’habitude de perdre
-    Il s’est énormément investi pour performer
-    Il doit faire face à d’énormes attentes : les siennes et celle du monde du tennis

En revanche, il assume le risque d’échec car il n’est que très relatif pour lui. Perdre est perçu comme un résultat à court terme, à opposer à l’objectif qui s’inscrit dans une durée plus allongée : devenir un Champion. Les matchs ne sont que des épisodes vers la réalisation d’un projet beaucoup plus grand. S’ils se battent comme des lions pour éviter la défaite, ils l’acceptent lorsqu’elle se produit et lui trouvent une utilité dans le projet général.


Un champion regarde toujours devant lui


Les Champions sont d’éternels insatisfaits. Ils visent l’excellence et ne se retournent jamais. Lorsque je débute ma collaboration avec Serena en 2012, elle n’a pas remporté Roland Garros depuis 10 ans. Elle « bloque » à la porte d’Auteuil. Lorsqu’un an après en 2013, elle s’impose dans le Grand Chelem français, elle me lance à peine sortie du court où elle vient de recevoir son Trophée « Bon, maintenant, il faut gagner Wimbledon ». Elle avait déjà oublié sa victoire à Roland Garros.
Les Champions regardent toujours devant. A la seconde où un objectif est atteint, ils s’en fixent un autre afin de se relancer. C’est une course permanente vers plus, plus haut, plus fort.


Travail : quantité et qualité


De par son investissement émotionnel, sa croyance dans ses chances de réussite, une bonne gestion de la crainte de l’échec, le Champion va être capable de développer un volume de travail très important, largement supérieur à la moyenne.
Son degré d’exigence sera aligné avec ses objectifs : si je vise haut, je ne peux pas, au quotidien accepter une qualité de travail médiocre.


Le chemin pour devenir champion


On ne nait pas Champion, on le devient.
Notre métier de coach consiste à amener les individus à croire en leurs capacités, à nourrir leur confiance en eux, à leur faire vivre des expériences positives qui vont nourrir et développer leur ego, à porter un regard sur l’échec qui n’affecte pas leur estime d’eux-mêmes, à voir plus grand, à s’épanouir.
Lorsque j’affirme que mon métier est le plus beau métier du monde, vous comprenez j’espère désormais, ce à quoi je fais référence :
Mon métier consiste à aider les individus à atteindre leurs objectifs et à réaliser leurs rêves.
 

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