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Un humanisme environnemental à la mesure des enjeux

Un humanisme environnemental à la mesure des enjeux


Nos boussoles s'affolent. Celle de l'économie est secouée depuis plus de trois ans par une crise financière profonde, d'une violence humaine et sociale aux répercussions dramatiques pour les peuples du monde et la biosphère. Notre boussole écologique indique  « le printemps silencieux » et  l’effet de serre dans tous ses états. L'aiguille est dans le rouge, notre ébriété au carbone est flagrante et Fukushima prouve les inconséquences du nucléaire. En France, l'audit de la Cour des Comptes sur le coût exact de la filière électro-nucléaire obtenu en mai 2011 a également démontré son impasse économique.

 

La planète s'essouffle sous la pression de l'humanité sur l'ensemble des écosystèmes. Il nous faut chaque année une Terre et demie pour satisfaire nos besoins mondiaux. L’Humanité émet un chèque planétaire sans provision, accroissant la dette écologique dont on ne parle jamais. Quand bien même chacun aime ses enfants et la planète, nous restons des ogres-consommateurs et de bien piètres recycleurs ! Constat accablant ? Certes, mais hélas lucide.

 

Nous sommes de plus en plus nombreux à partager la même analyse et à en tirer une nouvelle détermination. Il est maintenant de notre responsabilité individuelle et collective de mettre à plat nos schémas de pensées pour enfin inventer un modèle de développement respectueux de la planète et de ses passagers. Il y a urgence, car nous ne sommes plus à l'heure du «défi environnemental». Nous sommes dans une nécessité, une exigence immédiate qui engage notre avenir collectif tout entier, celle de l'écologie hybridée à un progrès humanisé. Une nouvelle Ère des Lumières  qui reste à bâtir sur des valeurs plus justes.

 

Comment créer de la vie, comment produire de la richesse à répartir équitablement ? Comment provoquer l'épanouissement des êtres humains sur toute la rotondité de la planète sans détruire notre environnement proche et lointain ?

 

S'interroger sans relâche sur les conséquences à terme de nos choix, voilà sans doute la seule ligne de conduite que nous devons nous imposer. Notre mode de vie et de consommation est devenu hautement toxique pour la biodiversité et la santé humaine car on ne peut vivre en bonne santé sur une planète malade.

 

Place à l’intelligence collective, à l'audace et à la créativité infinies dans ce nouveau temps où le gaspillage doit être banni. Car l’ambition de bien-être reste légitime pour tous. Toute une partie du monde a besoin de s'affermir pour répondre à ses besoins fondamentaux en matière d’alimentation, d'éducation et de culture, d’eau, d'agriculture, d'énergie, d'industrie et de services. Malgré l'évidence, d'aucuns repartent à la recherche de la croissance perdue alors qu'elle reste « autophage ». Imposons-nous d'autres indicateurs et demandons-nous comment passer de la stratégie du marché d'abord à la stratégie de la vie d'abord ! Pour ma part, si je ne crois pas aux vertus de la croissance verte, je crois volontiers à la croissance de la conscience humaine. Oui à la croissance de la sobriété, des énergies renouvelables, du partage et de l'efficacité énergétique, je crois à la croissance de l'agriculture et de l'urbanisme du moindre impact sur l'environnement.

 

Et oui, vraiment oui à la solidarité écologique dans une économie verte!

Il nous faut agir au près et penser au loin pour passer du développement durable à l'humanité durable débarrassée des serres acérées de la cupidité d’une finance inconsciente et du péril climatique.

 

Nous ne pouvons continuer d'accepter au niveau international l'investissement annuel de plus de 1000 milliards de dollars de dépenses d’armements dans le monde. Ce n'est pas une fatalité ! L'écologie et le respect des droits humains et sociaux demeurent le pari et le parti de la pérennité.

 

Toute notre vigilance doit porter sur l'édification de cette cohérence, cette combinaison de ces principes et de leur traduction en acte : ce sont les ferments d'un nouvel humanisme au quotidien, efficient par-delà les discours. Il exige de chacun de la lucidité et  de la détermination. Il exige qu'ensemble, citoyens, associations, gouvernements, élus locaux, entrepreneurs, scientifiques, soyons mobilisés en faisant converger nos actions pour le meilleur des générations futures. Mais il faut le dire haut et fort, nous ne pouvons continuer et gagner cette lutte sans un appui engagé et concret des politiques que nous élisons et qu'il en est aussi de leur responsabilité de décideurs. Avec eux, nous ne pouvons pas être les ennemis du futur !

 

Préserver le capital naturel, produire mieux, consommer plus sobrement, réorienter les flux financiers et instaurer une gouvernance équitable des ressources sont les chemins à emprunter sans tarder.

 

Si les gaz à effet de serre sont des armes de destruction massive, nous pouvons émettre des gaz à effet de rêves.

 

Lisons, en guise de conclusion, ces magnifiques phrases de Pierre Teilhard de Chardin : « Un jour, quand nous aurons maitrisé les vents, les vagues, les marées et la pesanteur, nous exploiterons l'énergie de l'amour. Alors, pour la seconde fois dans l'histoire de l'humanité, l'homme aura découvert le feu. »

 

Serge Orru
Directeur général de WWF France

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