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Les défis de la question énergétique

Les défis de la question énergétique


Mais plus nous consommons, plus nous prenons conscience de notre dépendance individuelle et collective. L'énergie devient une question centrale dans nos sociétés et nous adresse un triple défi économique, écologique et stratégique.

 

La hausse continue du prix de l'énergie est le résultat d'une compétition de plus en plus âpre avec des économies en fort développement et gourmandes en énergie telles que celles de la Chine, de l'Inde ou du Brésil, pressées de rejoindre nos modes de vie développés, et si possible avant l'épuisement annoncé des ressources fossiles en hydrocarbures.

 

Le second défi écologique, lié à la corrélation entre la consommation d'énergie et la dégradation de notre environnement, est sans doute plus grave encore. Le réchauffement climatique consécutif aux rejets dans l'atmosphère de gaz carbonique en est l'illustration la plus visible.

 

L'éloignement entre les zones de consommation et les principales réserves en hydrocarbures dans des zones considérées comme peu stables crée une véritable menace stratégique pour la sécurité d'approvisionnement de nos économies. Les deux plus grandes zones de production d'hydrocarbures que constituent le Moyen-Orient et la Russie, dont dépendent les deux tiers de l'approvisionnement mondial, sont à cet égard rien moins que sûres.

 

Nous voici donc confrontés à une question vitale pour l'humanité, et qui nous impose de modifier radicalement nos modes de vie et l'organisation de nos sociétés… fondées pour le moment sur l'irresponsabilité, une nature infiniment exploitable et une mobilité à outrance où le pétrole à bon marché permet que les poissons pêchés en Norvège soient conditionnés au Maroc puis consommés en Amérique ou en Asie.

 

 

Quelles mesures prendre face à l'urgence de ces défis ?

 

D'abord modifier nos comportements et sensibiliser notre entourage pour consommer l'énergie avec plus de sobriété et d'efficacité. Nous sommes à la fois acteurs de la vie de nos entreprises mais également consommateurs, citoyens électeurs et parents de nos enfants et avons donc des rôles essentiels à jouer.

 

Il faut ensuite diversifier notre bouquet énergétique, tant pour nos sources géographiques d'approvisionnement que pour les formes d'énergies consommées. Les énergies dites vertes ou renouvelables (solaire, éolien, géothermie, biocarburant, hydro-énergie), même si elles ne sont pas une réelle solution à court terme, doivent être encouragées. Le nucléaire – bien que la question des déchets ne soit toujours pas résolue – présente à la fois l'avantage de réduire les émissions de CO2 et d'assurer une meilleure indépendance énergétique à notre pays. Notons cependant que le niveau réel de dépendance de la France est estimé à 87 %, un chiffre largement supérieur au chiffre officiel de 50 % et qui résulte d’une surestimation volontaire de l’apport de l’énergie nucléaire…

 

Le secteur énergétique peut devenir un moteur de croissance et un gisement d'emplois si nous faisons porter nos efforts de recherche et de développement vers de nouvelles formes d'énergie encore à découvrir (fusion du plasma, liquéfaction du charbon, hydroliennes, chaleur du magma sous la croûte terrestre), de technologies permettant une meilleure efficacité énergétique (en particulier dans les secteurs des transports, de l'industrie et de l'habitat urbain) ou un plus grand respect de l'environnement (confinement du CO2 par exemple).

La France a la chance de disposer dans le secteur de véritables champions de taille européenne et mondiale, aptes à relever ces défis.

 

Le dernier volet concerne la gouvernance internationale des enjeux liés à l'énergie et au réchauffement du climat à laquelle, pour l'instant, refusent de participer notamment les Etats-Unis et la Chine. L'Europe de l'énergie reste à construire, tant pour financer les infrastructures et les nœuds d'interconnexion des réseaux nationaux que pour assurer au niveau européen une véritable harmonisation et régulation de nos politiques énergétiques. Il n'existe pas non plus de diplomatie européenne de l'énergie, en particulier à l'égard de la Russie et l'énergie reste à cet égard un talon d'Achille pour l'Europe.

 

Le XIXe siècle fut celui du charbon, le XXe celui du pétrole. Quelle sera la nouvelle énergie du XXIe siècle et surtout quelle sera notre nouvelle relation à l'énergie ? Des réponses que nous apporteront dépendront notre évolution et l'avenir de l'humanité.

 

 

Patrick Gouigoux
Administrateur du groupe Nexter

 

 

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