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Election(-surprise ?-) de Donald Trump

Election(-surprise ?-) de Donald Trump


Que d’erreurs dans les commentaires des médias et pouvoirs français, avant et après les élections présidentielles américaines.

Tous font semblant d’ignorer que les USA sont avant tout un état fédéral. Leur constitution a été conçue dès l’origine, en 1787, pour limiter les pouvoirs de Washington ; plusieurs années après, avec le « Bill of Rights », cette constitution a intégré des amendements concernant les citoyens, dans le but principal de les protéger des excès de leur Etat d’appartenance. La méfiance envers les Etats, fédéral d’abord, locaux ensuite, est inscrite dans les gènes politiques des américains.

La Fédération US est rigoureusement cantonnée à des domaines précis : la citoyenneté, la monnaie, le commerce international, les relations entre les Etats, la diplomatie ou les interventions militaires extérieures. La Cour Suprême a pour rôle principal de vérifier que le fédéral n’empiète pas sur les pouvoirs propres des Etats-membres, qui restent très étendus : on l’oublie souvent, chaque Etat a sa propre armée, dite « garde nationale », son gouvernement ou son Sénat, et ses lois courantes ne sont pas forcément les mêmes que celles de ses voisins.
On est loin de notre conception de monarchie républicaine omnipotente à la française ou du principe de subsidiarisation à la bruxelloise.

Ainsi, pour les américains, épris de libertés, voter pour un « President of the United States », se présente un peu comme si on nous demandait, à nous français, de choisir entre MM. Barroso et Juncker… Pas étonnant que le résultat soit parfois surprenant. On n’écartera pas l’idée d’un choix, parfois, du plus incompétent a priori, dans l’espoir de déstabiliser cette institution fédérale, trop réglementeuse et dépensière, en la paralysant.

Une autre erreur typique consiste à regretter que Mme Clinton, parce que dite démocrate, n’ait pas eu l’occasion d’appliquer une politique plus sociale, de réformer l’éducation, etc. Or ces questions relèvent strictement des Etats, Barack Obama s’en est aperçu lorsqu’il a voulu pousser ses projets de « medical care ».

Au final, très tournés de fait vers l’international, les pouvoirs du President sont plus importants pour nous que pour les américains. Donc, nous sommes très, trop, attentifs à cette élection en voulant oublier que son intérêt pour les citoyens américains est relativement faible. La plupart des taux de participation annoncés cachent le fait que les américains votent le même jour sur d’autres sujets les concernant autrement plus : les sénats, national et local, les juges, les shérifs, etc.

La carte des suffrages est très révélatrice. Les Etats « boboïsés », aux populations cosmopolites, parcourues par les modes de notre temps : pacifisme, féminisme, communautarisme, écologisme ou assistanat généralisé, ont voté Clinton.
Les autres Etats, j’oserai dire l’Amérique profonde, ont voté Républicain.

Il est trop facile de dire que c’est un vote « populiste » alors que c’est un vote populaire. En tout cas, c’est maintenant à Donald Trump de comprendre et d’assumer cet héritage.



Lionel FLEURY
 

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