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La cascade des 3 règles : les piliers du drame du modèle français de 2012

La cascade des 3 règles : les piliers du drame du modèle français de 2012


1.       La France est un « village gaulois » : ce qui se passe dans le monde a peu d’importance.

2.       Avoir un travail est un « droit acquis », et l’Etat doit dédommager généreusement le bénéficiaire de ce « droit » chaque fois qu’il ne peut s’exercer pleinement (on appelle ça « le chômage »).

3.       Il suffit de « confisquer l’argent des riches » pour financer tous nos « besoins » d’assistanat, et ce ad vitam aeternam.

 

Ce qui me permet d’affirmer cela ? Ma carrière de plus de 40 ans, exercée dans différents pays au service de la gestion d’entreprises de toutes tailles, dont mes 12 dernières années au Royaume-Uni au sein de grands groupes internationaux côtés et basés à Londres… Depuis cet observatoire extraterritorial, j’ai pu y vivre, avec douleur, un nombre significatif de situations de compétition internationale, où la France a, à chaque fois, perdu pour finalement trois raisons majeures :

 

1.       Nous sommes ultra-convaincus que nos produits et/ou nos offres sont les meilleur(e)s, et nous n’écoutons pas assez les clients.

2.       Notre « savoir-faire » est une propriété intellectuelle que nous n’acceptons jamais de partager.

3.       Dans notre culture de société d’ingénieurs, la fonction « commerciale » et la fonction « exportation » nous sont étrangères, et de toutes les façons, « à cause de nos prix de revient exorbitants » nos prix à la vente ne se négocient pas.

 

Bien sûr, je caricature un peu volontairement, mais ce pour que le trait soit facilement retenu…

 

Dans une récente Tribune libre sur whoswho.fr, Dominique Turcq dit que « nous vivons actuellement dans ce monde trois inversions fondamentales » ; il a parfaitement raison, et nous ferions bien de les intégrer sans délai.

 

Quels candidats à la présidence de la République française ont, jusqu’à aujourd’hui, su dans leurs discours et commentaires revenir aux vrais enjeux stratégiques pour notre pays (dont, by the way, Claude Allègre a parlé avec excellence hier sur Europe 1), et les exprimer clairement à l’intention des électeurs ? Aucun… absolument aucun !

 

On nous parle depuis quelques jours du « vrai » travail, ce qui a déclenché cette semaine des polémiques aussi grandes qu’inutiles !

 

Pour moi, les vraies questions sont de trois ordres. Comment :

 

1.       Restaurer massivement le sens de l’entreprenariat, louer le droit à l’erreur, et récompenser la prise de risque ?

2.       Faire, comme le disait le regretté président Kennedy, que « chaque citoyen imagine et agisse pour ce qu’il peut faire pour son pays, plutôt que l’inverse » ?

3.       Faire que « gagner de l’argent à un juste niveau » soit un objectif personnel louable et encouragé pour un entrepreneur, et non pas un pêché montré du doigt par la société et aussi dans nos pays latins, en particulier, par certaines obédiences religieuses ?

 

Le chemin pour y parvenir sera long et difficile.

 

Certains s’y attellent déjà avec énergie, en particulier dans le domaine des PME. Je pense à certaines associations comme Parrainer la croissance ou certains cercles de réflexion comme l’Institut et le Cercle Montaigne, ou certaines organisations professionnelles (le MEDEF, Entreprises et Progrès,…). Mais hélas, tout cela est « bien timide face à l’énormité des enjeux ».

 

 Il nous faut d’urgence « changer de braquet ». Sinon, je le crains, nous irons vite « dans le même mur » que certains de nos voisins de la Méditerranée…

 

Pour cela, trois pré-requis s’imposent. Il nous faut :

 

1.       Avoir le courage de définir et communiquer enfin des cibles claires pour un nouvel ensemble de valeurs (économiques, sociales, culturelles, spirituelles, familiales) évolutives pour notre société française, correctement intégré aux valeurs mouvantes du « monde globalement nomade et communicant » qui nous entoure avec des frontières toujours plus perméables, valeurs dont nous, « microcosme gaulois » au sein de 8 milliards d’individus, ne maîtriserons absolument plus les trajectoires de toutes manières.

2.       Mettre en place toutes les flexibilités nécessaires et préparer inlassablement les mentalités pour empêcher notre système économique et social de se paralyser dès que les règles du monde qui nous entoure évolueront (ce qui se passera désormais constamment… ).

3.       Encourager massivement les porteurs d’innovation et les adeptes de la mobilité géographique et professionnelle, et combattre férocement les attitudes de simple recherche d’assistanat dans un statu quo.

 

Et par ailleurs, il nous faut immédiatement attaquer les vraies racines de notre « mal national », à savoir qu’en sortant des cycles de notre Education nationale, quel que soit le niveau de ce point de sortie, les jeunes formés aient compris sans le moindre doute que :

 

1.       La France n’est PAS et ne peut plus être un « village gaulois » ; ce qui se passe dans le monde est de la plus haute importance.

2.       En conséquence, avoir un travail n’est PAS un « droit acquis », mais bien au contraire une opportunité que chacun doit se créer, tout en ayant plusieurs « droits à l’erreur »… mais à terme l’Etat ne doit PAS dédommager « plus que généreusement » et/ou « à l’infini » le bénéficiaire de cette « opportunité » au travail chaque fois qu’elle ne peut s’exercer pleinement (« le chômage »).

3.       Il ne suffit évidemment PAS de « confisquer l’argent des riches » pour financer tous nos « besoins » d’assistanat, et ce ad vitam aeternam. Les moyens financiers de l’Etat doivent venir de la production de richesses nationales nouvelles, et pas d’éventuels « bas de laine du passé », et ils doivent être consacrés en priorité à la création de valeur pour… l’actionnaire… qui, précisément est dans ce cas particulier… le citoyen !

 

C’est là une tâche immense et répétitive par nature ; tous les véhicules de l’éducation de nos citoyens doivent être mobilisés à cet effet, c’est-à-dire : l’Education nationale, les acteurs de l’Enseignement supérieur (dont cette grande école qui dit former « l’élite de la Nation »), les éducations religieuses, les entreprises nationales, les médias, nos gouvernants, etc.

 

Le jour où nos citoyens en France seront aussi « patriotes économiques » que ceux de certains de nos voisins européens, outre-Atlantique, et surtout, demain, outre-Pacifique, alors nous pourrons reprendre espoir à grande échelle, pour nos enfants et petits-enfants, tous si attachés à notre fabuleux Hexagone.

 

Dans ces conditions, le « bon slogan » de l’actuelle campagne présidentielle ne serait pas : « le changement, c’est maintenant ! », mais devrait être : « le changement, c’est tout le temps ! ».

 

 

 

Jean-Claude Guez, X-63, ancien associé d’Accenture et administrateur de grands groupes internationaux (jean-claude@guez.ws).

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