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Brice Teinturier ou l'obsession de la marge d'erreur

Brice Teinturier ou l'obsession de la marge d'erreur

Lors de chaque campagne électorale, a fortiori présidentielle, il suffit d’allumer la télévision ou la radio pour l’entendre. Brice Teinturier est directeur général délégué de l’institut de sondages Ipsos depuis 2010. C’est à ce titre que sa parole est largement sollicitée par les médias à chaque scrutin. La présidentielle 2022 aura véritablement érigé un podium avec trois candidats qui se détachent très nettement au premier tour (Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon), laissant derrière eux les neuf autres candidats en lice sous la barre des 10 %. Cette physionomie particulière, Brice Teinturier l’avait prévu avec Ipsos, comme d’ailleurs à peu près tous les instituts de sondage, peut-être pas à ce point-là. 
 
Né en 1963, cet homme de chiffres et d’analyse est passé par différents instituts de sondages. D’études qualitatives dès 1987 en études d’opinion à partir de 1989, il a notamment officié en tant que directeur d’études chez Louis Harris. Puis ce fut l’Ifop et TNS Sofrès où il dirigea le département « politique et opinion » avant d’en devenir le directeur général adjoint en 2004. Parallèlement, ce diplômé de Sciences Po, également titulaire d’un DEA en philosophie, enseigne à l’école de communication de l’IEP Paris.
Rappelant régulièrement que les sondages ne sont pas une science exacte, Brice Teinturier et Ipsos avaient pourtant bien senti, en direct, l’évolution des chiffres au soir du 10 avril 2022, alors que l’écart entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon  se réduisait de minute en minute. Finalement, et ce malgré des centaines de milliers de bulletins restants à dépouiller, l’estimation affinée d’Ipsos avait vu juste.
« La cristallisation ultime du vote se fait de plus en plus souvent dans les tout derniers jours », rappelle Brice Teinturier dans une interview accordée au journal Le Monde. Avec un électorat indécis, qui attend désormais parfois l’isoloir pour se décider, l’analyse politique, l’optimisation de la tournure des questions posées aux sondés s’avère plus importante que jamais ; pour prévoir l’abstention notamment. C’est sur ce sujet précis que l’institut d’études indépendant Odoxa, dirigé par Céline Bracq, travaille ardemment durant l’entre-deux tours. « Avec une fourchette de 25 % à 30 %, l’abstention sera en tout cas plus élevée que celle enregistrée il y a 5 ans et sera évidemment nettement supérieure à la moyenne des premiers tours de présidentielle (19,9 %) », assure-t-elle dans un entretien accordé à La Dépêche.
 
Et Brice Teinturier d’expliquer, dans un entretien au Figaro, que les facteurs permettant de prévoir l’abstention sont aussi d’ordre émotionnel : « Ce n’est pas la même chose si on est en colère ou si on est fatigué : la colère mobilise, la fatigue démobilise », raconte le spécialiste. Alors, les instituts de sondage, une simple affaire de chiffres ? Certainement pas, comme Brice Teinturier aime à le rappeler sur les plateaux de télévision, comme dans C dans l’air sur France 5, où il intervient très fréquemment.
 


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