Jean-Bernard LAFONTA

Pour ce passionné d’échecs, le rachat plus que probable d’Editis, numéro deux de l’édition française, par le groupe Planeta, premier éditeur espagnol, ressemble à la prise d’un de ses cavaliers par la dame adverse. Mais l’opération est loin d’être aussi négative : le président du directoire de Wendel réalise en effet une plus-value de quelque 500 millions d’euros pour la société d’investissement des héritiers des maîtres de forges. Racheté en 2004, Editis aura donc été un investissement rentable pour cet X-Mines de 46 ans, aux commandes de la holding depuis 2001. En quatre ans, le groupe a en effet accru ses revenus de 150 millions d'euros et s’est agrandi, avec l'achat de sept maisons d’édition (Le Cherche Midi, First, XO…). Depuis l’échec du rachat du géant néerlandais Wolters Kluwer, Jean-Bernard Lafonta voulait revendre le groupe aux marques pourtant prestigieuses (Robert Laffont, Plon…). D’autant que Wendel est devenue entre-temps le premier actionnaire de Saint-Gobain, opération stratégique critiquée par certains mais dont Jean-Bernard Lafonta, futur membre du conseil d’administration du spécialiste des matériaux de construction, défend la légitimité. Le groupe Editis est le deuxième groupe d’édition français, derrière Hachette-Livre (détenu par le groupe Lagardère). Il a pris son nom actuel en 2004, après que Lagardère ait dû céder 60 % des actifs éditoriaux de Vivendi Universal Publishing (VUP) pour des raisons de concurrence. Le groupe compte 2300 collaborateurs et près de 40 marques d’édition pour un chiffre d’affaires 2007 de 760 millions d’euros. Planeta, qui a jusqu’à fin juin pour signer le rachat d’Editis, a déjà assuré par la voix de son président José Manuel Lara qu’il maintiendrait Alain Kouck aux commandes et que l’intégrité du groupe serait respectée. Le rapprochement du français et de l’espagnol fait entrer Planeta dans le club des dix grands mondiaux de l’édition : un rival très sérieux pour Hachette.